
COMMUNIQUÉ – EXPERTS-COMPTABLES ET COMMISSAIRES AUX COMPTES
Télétravail : la branche incite sans donner envie
Courant 2021, les interlocuteurs sociaux de la branche des Experts-Comptables et Commissaires aux Comptes ont partagé le constat que le télétravail s’était largement répandu dans les cabinets. En plus de maintenir l’activité durant la crise COVID, cette pratique a permis à certains cabinets d’assumer un surcroît d’activité. Avec la mise en place massive de l’activité partielle, ces cabinets ont été particulièrement sollicités par les entreprises. Pour FO, ce surcroît d’activité s’est répercuté sur les salariés de la branche, qui ont pu effectuer des heures supplémentaires grâce à la flexibilité offerte par le télétravail.
Partant de ce constat, les organisations syndicales et patronales se sont réunies pour négocier un accord télétravail et encadrer cette pratique. La branche des Experts-Comptables étant majoritairement composée de petits cabinets, un accord ambitieux aurait permis de protéger les salariés qui ne bénéficient pas d’accords d’entreprises ni de représentants.
Les revendications FO
Notre organisation s’est saisie de cette opportunité pour revendiquer un socle minimum de droits pour les salariés en télétravail. La branche professionnelle, par son rôle de régulation économique et financière, est particulièrement adapté à la mise en place du télétravail en fixant notamment les thèmes de négociation ainsi qu’un socle minimum de règles à respecter.
FO s’est donc fortement investie dans les groupes de travail pour finaliser l’accord. Notre organisation est convaincue de l’importance de la branche dans la mise en place du télétravail de par son rôle de régulation. La Section des Services a par ailleurs rédigé un « Vademecum » à ce sujet, qui offre aux négociateurs de branche et d’entreprise des pistes dans le cadre de leurs négociations. Tout en ayant conscience que l’accord de branche n’a pas vocation à se substituer à un accord d’entreprise, FO est convaincue de l’utilité d’un accord de branche.
Notre organisation est arrivée autour de la table avec plusieurs revendications que nous avons défendue à chaque étape de la négociation :
- Allocation forfaitaire minimum par journée télétravaillée : FO a revendiqué le barème URSAFF comme minima. En mai 2022, ce barème est fixé à 2,5 € par jour de télétravail. A titre d’exemple, pour un travailleur qui effectuerait 2 jours de télétravail par semaine, il toucherait 20 € par mois ;
- Établir un nombre de jours de télétravail minimum pour un salarié qui passe en télétravail, et ainsi éviter toute rupture d’égalité ;
- Fixer des critères d’éligibilité pour les salariés pour éviter toute différence de traitement entre les salariés qui feraient la demande.
FO non signataire de l’accord
Au niveau national, le télétravail était déjà encadré par le Code du Travail, et l’ANI sur le télétravail signé en 2020 par plusieurs confédérations, dont FO. Ces différents textes offrent déjà un socle minimum dont certains droits comme la réversibilité.
Dès le début des négociations, notre organisation a conditionné notre signature à l’obtention d’une plus-value pour les salariés. Il était inconcevable d’aboutir à un accord qui ne serait qu’une redite des textes de lois déjà applicable. Or, c’est précisément le tournant qui a été décidé par les deux organisations patronales représentatives, qui ne souhaitaient pas offrir un accord pour les salariés, mais plutôt un outil pour les employeurs.
Durant la négociation, les organisations patronales et une organisation syndicale se sont entendues pour nommer l’accord « Accord incitatif au télétravail ». Par ce choix, il est devenu clair que toute possibilité d’offrir aux salariés de la branche un véritable cadre avait été écartée.
L’accord n’impose pas le remboursement des frais professionnels liés au télétravail. Il est laissé aux parties le soin de régler la question des dépenses supplémentaires au gré à gré entre le salarié et son employeur, ou par un avenant au contrat de travail. En renvoyant la question des frais engagés par le salarié à la négociation avec son supérieur hiérarchique, certains cabinets ne paieront pas le coût supplémentaire lié au télétravail.
Pourtant, la jurisprudence abonde dans le sens d’une allocation, par une décision de la Cour de Cassation (cass.soc, 25 février 1998, n° 95-44096) selon laquelle la validation de l’employeur doit être préalable, et non postérieure, à l’engagement des dépenses par le salarié. Les frais qu’un salarié justifie avoir exposés pour les besoins de son activité professionnelle doivent lui être remboursés sans qu’ils ne puissent être imputés sur la rémunération qui lui est due. Pour notre organisation, bien que les conditions et les modalités de remboursement des frais sont fixées au niveau de l’entreprise (modalités de prise en charge, justificatifs…), il ressort de la compétence de la branche de fixer un socle minimal de prise en charge du coût pour les salariés du télétravail.
Pour toutes les raisons évoquées, FO ne s’est pas portée signataire de cet accord. En revanche, il a été signé par une organisation syndicale représentative et les deux organisations patronales. Avec un score de plus de 40% dans la branche, la signature de l’organisation syndicale représentative a suffi pour que l’accord soit applicable.
Cet accord a fait l’objet d’un avis relatif à l’extension le 10/05/2022, et devrait donc bientôt être étendu. Pour obtenir l’accord, ou pour toutes autres questions relatives à votre convention collective, n’hésitez pas à nous contacter.
Paris, le 18 mai 2022
Contacts : Nicolas FAINTRENIE, Secrétaire de la Section fédérale des services – services@fecfo.fr
Denis BILLMANN, Responsable de branche – billmann.denis@orange.fr
Paul BRIEY, Chargé de mission branches professionnelles – pbriey@fecfo.fr – 06 95 73 58 83
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