« Je souhaite que toutes les chambres de métiers s’engagent dans la gestion » de CFA (Alain Griset, U2P)

En visite à Lyon ce jeudi 29 novembre 2018, Alain Griset, président de l’U2P, émet le souhait que les CMA de la région s’engagent dans l’apprentissage en gérant « directement des centres de formation », dit-il au cours d’une rencontre avec la presse locale. Les CMA doivent saisir les opportunités apportées par la loi du 5 septembre 2018, qui prévoit notamment « la possibilité d’ouvrir une section sans avoir l’accord du conseil régional ou du rectorat ». Le président de l’U2P est également revenu sur la négociation en cours au sujet de l’accord constitutif de l’Opco des entreprises de proximité.

Jeudi 29 novembre 2018, Alain Griset a rendu visite à l’U2P Auvergne-Rhône-Alpes, présidée par Pascale Jouvanceau. © DR

« Je souhaite que toutes les chambres de métiers de la région s’engagent pour le développement de l’apprentissage et gèrent directement des centres de formation, qu’elles ouvrent des sections », déclare Alain Griset, président de l’U2P, lors d’une visite à Lyon, jeudi 29 novembre 2018. Si certaines CMA gèrent effectivement en direct des centres de formation, « ce n’est pas le cas partout » : en Auvergne-Rhône-Alpes, les chambres du Rhône, de l’Ain, de la Loire et du Cantal, par exemple, n’en gèrent pas.

« Aujourd’hui, la possibilité d’ouvrir une section sans avoir l’accord du conseil régional ou du rectorat est une opportunité que les CMA doivent saisir », estime-t-il. Désormais, une déclaration d’activité comme organisme de formation continue, déposée à la préfecture, suffit pour créer un CFA, selon la loi du 5 septembre 2018 « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » (lire sur AEF info).

Le coût-contrat, source de revenus supplémentaires

« Le financement au contrat peut être une source de revenus supplémentaires », ajoute-t-il, apportant l’exemple des 18 centres de formation gérés par la CMAdans les Hauts-de-France : d’une capacité de 8 500 apprentis, ils en comptent environ 7 000 à ce jour. « 1 500 apprentis supplémentaires, cela peut représenter 7,5 M€ de recettes en plus, si le coût contrat s’élève à 5 000 €. »

Par ailleurs, « les CFA n’ont pas pour vocation à faire uniquement de l’apprentissage », poursuit le président de l’U2P. « Il va y avoir le PIC, qui doit rajouter des moyens à ceux déployés par les régions sur la formation continue. Cela peut constituer une autre source de revenus. »

Opco : deux syndicats signataires de l’accord

S’agissant de la négociation en cours autour de l’Opco dit Pepss, « l’opérateur de compétences des professions de l’entreprise de proximité et de ses salariés », Alain Griset fait savoir que « trois organisations ont annoncé la signature de l’accord » constitutif de cet opérateur. La CFTC et FO se sont portées signataires, tandis que la CFE-CGC « devrait l’officialiser la semaine prochaine ». « On attend que la CGT, dans les prochains jours, confirme ce qu’elle a fait il y a quelques mois pour la transformation d’Actalians », ajoute-t-il. Pour mémoire, toutes les organisations syndicales à l’exception de la CFDT avaient signé l’accord constitutif de l’Opca Pepps, lequel s’appuyait sur Actalians (lire sur AEF info).

Contactée par AEF info, la CFE-CGC s’étonne de l’annonce de sa future signature et précise qu’elle reste, à l’heure actuelle, sur sa position. À savoir, si elle n’exclut pas une signature de l’accord sur l’Opco 10 (services de proximité), elle la conditionne à un accord sur la gouvernance patronale entre U2P et CPMEdans la mesure où il n’est pas envisageable pour elle que deux Opco se créent sur le même champ. Selon les informations recueillies par AEF info, la CFDT et la CGT restent sur la même position.

Sur la question de la gouvernance de ce futur opérateur de compétences de la proximité, les deux organisations patronales peinent à se mettre d’accord sur le nombre de sièges accordés à chacune (lire sur AEF info). Pour mémoire, alors que la CPME propose d’en prendre la moitié, l’U2P souhaite en garder 60 %, estimant que sa représentativité auprès des entreprises, apprentis et salariés du périmètre de l’Opco 10, s’élève à 65 %. « On pourrait revendiquer 65 % des sièges, mais on est prêts à faire un effort pour être plus proches de 50-50. Cependant, on ne peut pas arriver à 50-50. On en est là », indique Alain Griset.

« Nous sommes majoritaires, et il faut l’acter »

Interrogé sur la possibilité d’avoir 51 % des sièges, Alain Griset répond : « Cela serait bien, on est prêts, mais ce n’est pas le sujet. Il n’est pas question d’humilier qui que ce soit. Mais nous sommes majoritaires, et il faut l’acter. » En résumé, l’U2P se dit prête à aller « le plus loin possible pour rester majoritaire ».

« La pire des solutions serait que le 31 décembre, le gouvernement se retrouve avec deux accords », estime Alain Griset. « Notre souhait est de proposer un accord de gestion de cet Opco, et que le gouvernement accepte de le créer. »